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Les biais cognitifs : tous concernés, à chaque instant

Imaginez…

Vous avez réservé et payé 100 € une location pour un week-end de vacances à la mer. Une semaine avant votre départ, des amis vous proposent un week-end à la campagne avec eux, sans que vous n’ayez à dépenser quoi que ce soit pour la location. Malgré votre envie, vous refusez pour ne pas perdre vos 100 €… C’est un biais cognitif, car vos 100 € sont déjà dépensés. Dans votre jugement, seule votre envie de participer à l’un ou l’autre des week-ends devrait être prise en compte. En terme cyber, c’est poursuivre un projet mal embarqué simplement parce que l’on y a déjà mis beaucoup d’énergie et d’argent ; il est important de juger et décider exclusivement sur la base des dépenses à venir et des résultats à atteindre.

Les biais cognitifs sont des déviations de notre pensée logique et rationnelle qui peuvent, le plus souvent à notre insu, nous induire en erreur ou susciter des jugements hâtifs.

Ces raccourcis que notre cerveau utilise pour traiter rapidement et efficacement l’information lui permettent de fonctionner en consommant un minimum d’énergie cognitive. Parfois, ce système nous permet de décider de façon à la fois rapide et pertinente ; il peut même assurer notre survie. Mais dans la plupart des cas, il est plutôt source d’erreurs au quotidien… donc d’inspiration pour les cybercriminels.

En effet, dans le domaine de la cybersécurité, les biais représentent une brèche qui peut être utilisée à chaque étape d’une cyberattaque.

En amont d’une crise, ne pas se sentir concerné par le risque cyber

Des expériences en psychologie ont montré que plus de la moitié des gens estiment avoir une intelligence supérieure à la moyenne. C’est dû au biais d’excès de confiance, qui nous pousse à surestimer nos compétences, notre chance, notre personnalité. Comment, dans ce cas, pourrait-on tomber dans le piège tendu par les cybercriminels ? Ce biais invite à prendre plus de risques au quotidien et les experts sont davantage victimes que les profanes puisqu’ils sont convaincus d’avoir raison.

L’illusion de contrôle renforce ce sentiment : nous avons naturellement tendance à croire que nous avons plus de contrôle sur une situation que nous n’en avons véritablement. Même si les faits et chiffres sur les cyberattaques démentent cette affirmation.

La corde sensible : être éprouvé dans la confiance, la familiarité, l’urgence

Lors d’une intrusion ou pendant la gestion d’une crise cyber, plusieurs biais peuvent nous mettre en défaut : par exemple, le biais de confirmation nous incite à prendre en compte uniquement les informations qui vont dans notre sens ou qui correspondent à ce que l’on connaît. Nous pouvons ainsi surestimer notre système de sécurité, ne pas voir les signaux d’alerte qui pourraient le mettre en danger, ne prêter attention qu’aux données qui confirment une hypothèse de départ ou une opinion initiale…

Le biais de familiarité nous engage, quant à lui, à faire confiance à des sources familières : cliquer sur un lien envoyé par un collègue (sans forcément vérifier si l’adresse de courriel est la bonne), utiliser une clé USB prêtée par un proche, agir sur demande d’un supérieur hiérarchique… Si la situation exige en plus une réponse urgente, l’erreur est quasi assurée.

A l’issue d’une crise, ne garder que le meilleur

A l’étape du RETEX, il est aussi intéressant de veiller à ne pas se laisser embarquer par certains automatismes. Par exemple, le biais rétrospectif nous pousse à surestimer, une fois un événement survenu, la façon dont on le jugeait prévisible ou probable. Rétrospectivement, il est effectivement plus facile d’être visionnaire !

Nous avons également tendance à juger une décision en nous basant sur le résultat plutôt que sur la façon exacte dont la décision a été prise sur le moment. Pourtant, avoir réussi à résorber une crise cyber ne signifie pas que toutes les décisions aient été pertinentes ou prises de manière optimale…

Aussi, repenser à ce qui a été dit sur le moment, identifier à quels biais votre entreprise et vos collaborateurs sont le plus spécifiquement vulnérables est une démarche très intéressante afin d’éviter les erreurs qui pourraient s’avérer critiques pour la continuité de vos activités.

Le travail sur nos biais cognitifs permet de concevoir notre rationalité comme fluctuante et limitée, puis de définir quelques garde-fous et des procédures adaptées, à réévaluer sans cesse. En effet, si l’on peut apprendre à connaître et reconnaître des biais cognitifs, on ne peut jamais s’en défaire complètement… le croire serait également un biais !

Image : The Cognitive Bias Codex (French) – John Manoogian III (jm3) – Biais cognitif — Wikipédia (wikipedia.org)

 

 

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