Chaque entreprise, quelle que soit sa taille, est exposée à des menaces cyber. Et lorsqu’un incident survient — attaque par rançongiciel, fuite de données sensibles, compromission de systèmes critiques — la question ne se limite pas à la réponse technique. Il faut aussi savoir gérer les réactions, les attentes, les craintes… en un mot, il faut savoir communiquer.
Bien menée, la communication de crise peut apaiser, restaurer la confiance, et même renforcer l’image d’une organisation. Mal maîtrisée, elle devient un facteur aggravant : les clients doutent, les partenaires s’éloignent, les médias s’emparent du sujet, et la réputation s’effrite.
Comment informer correctement ses parties prenantes ? Comment préserver son image tout en étant transparent ? Comment éviter l’effet Streisand ou les rumeurs dévastatrices ? Autant de questions que seule une communication de crise bien préparée peut anticiper…
Les enjeux : entre éthique et transparence
La communication de crise est l’ensemble des messages et des actions destinés à informer les parties prenantes de manière responsable, cohérente et maîtrisée. Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas d’un exercice de camouflage, mais d’une démarche proactive et transparente, au service de la résilience organisationnelle.
En pleine crise en effet, la tentation est grande de ne rien dire ou d’en dire trop. Pourtant, le silence prolongé est souvent interprété comme de l’incompétence ou de la dissimulation, tandis qu’un discours improvisé ou imprécis peut provoquer des effets contraires à ceux escomptés. Maintenir la confiance des parties prenantes sur le long terme et démontrer la capacité de l’organisation à surmonter les difficultés implique de répondre à plusieurs impératifs :
· Réduire l’incertitude par des informations vérifiables,
· Rassurer sans mentir,
· Agir vite, sans improvisation,
· Satisfaire aux exigences réglementaires de notification.
Qui fait quoi en situation d’urgence ?
La première erreur fréquente dans la gestion d’un incident cyber est de le traiter exclusivement comme un problème informatique. Or, cette crise appelle une réponse transversale, mêlant compétences techniques, juridiques, humaines, organisationnelles et bien sûr, communicationnelles.
C’est là qu’intervient la cellule de crise : un dispositif de coordination, réuni immédiatement après la détection de l’incident, capable de prendre des décisions rapides, éclairées, validées.
Une cellule de crise cyber efficace rassemblera généralement une équipe pluridisciplinaire pour apporter une vision et une réponse globales :
· Un responsable sécurité (RSSI ou équivalent) en charge de l’analyse technique,
· Un porte-parole communication désigné, rompu à l’exercice médiatique,
· Un représentant de la direction pour les décisions stratégiques,
· Un juriste ou un référent conformité, pour gérer les obligations légales (notamment RGPD),
· Un représentant RH, pour coordonner la communication auprès des équipes internes,
· Un DPO, s’il y a exposition de données personnelles,
· Et selon les cas, des experts IT, prestataires externes ou consultants spécialisés.
La cellule doit pouvoir s’activer 24h/24, avec des scénarios d’alerte préétablis, des modèles de messages prêts à l’emploi, et une procédure de validation rapide des informations à diffuser. Des réunions de coordination flash permettent de faire évoluer la stratégie au fil de la situation. Idéalement, des exercices de simulation sont réalisés plusieurs fois par an pour que chaque acteur connaisse son rôle et ses responsabilités.
Communiquer sous pression : quelques bonnes pratiques
Un message partiel mais honnête vaut mieux qu’un long silence. Il est tout à fait acceptable, dans les premières heures, de déclarer : « Nous avons détecté un incident de sécurité, nos équipes sont mobilisées pour l’analyser, nous reviendrons vers vous dès que nous disposerons d’informations fiables. »
L’essentiel est de montrer que la situation est prise au sérieux, que les investigations sont en cours, et que la communication continuera.
Aussi, le langage employé doit être adapté au public visé. Un communiqué destiné au grand public ne doit pas être truffé de jargon technique. De même, les messages aux autorités devront être documentés et factuels, tandis que ceux aux collaborateurs doivent être rassurants et pratiques (impact sur les outils, comportement attendu…).
Chaque audience aura donc ses attentes :
· Les clients veulent savoir si leurs données sont exposées et ce que vous faites pour les protéger.
· Les salariés veulent savoir s’ils peuvent continuer à travailler normalement et s’ils seront informés des suites.
· Les actionnaires et partenaires chercheront à évaluer l’impact financier et la solidité du pilotage.
· Les autorités de régulation exigeront des informations structurées et dans des délais précis.
· Les médias joueront un rôle d’amplification, ils devront recevoir un récit clair, cohérent, unifié sur tous les canaux, avec une source officielle bien identifiée.
Tarder à communiquer, négliger l’interne, minimiser l’incident, manquer de coordination sont les erreurs les plus fréquentes à éviter. Une fois la crise passée, il est également indispensable de réaliser un retour d’expérience documenté. Il servira à ajuster les processus et à renforcer la résilience de l’organisation. Dans une démarche de gouvernance cyber, la communication de crise doit faire partie intégrante des dispositifs de gestion des risques et de continuité d’activité.
Elle n’est pas un module indépendant, mais une compétence transversale, à formaliser, documenter, tester et évaluer.
En conclusion, une crise cyber peut toucher n’importe quelle organisation, à n’importe quel moment. Ce qui fait la différence, ce n’est pas tant l’incident lui-même que la manière dont il est géré — et raconté. La communication est ainsi un acte de gouvernance, qui exige sang-froid, honnêteté, coordination et surtout, préparation. En intégrant la communication de crise à la stratégie globale de cybersécurité, les entreprises ne se contentent pas de limiter les dégâts, elles démontrent leur capacité à affronter l’imprévu avec responsabilité et professionnalisme.
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